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26 mai 2018 6 26 /05 /mai /2018 01:53

Triste fut le jour du 26 Mai 1993, date de l’exécution de Tahar Djaout,  le premier journaliste qui a été visé par des criminels sur une série de plus de 103 membres de la corporation.    

 

 

Qui ne connait pas la célébrai citation : «Si tu parles, tu meurs. Si tu tais tu meurs. Alors, dis et meurs». C’est exact, l’auteur n’est autre que feu Tahar Djaout le premier journaliste assassiné au cours de la décennie noire. Tahar Djaout a créé ce dicton pour lui-même et l’avait appliqué à la lettre. C’est aussi un message à ses collègues et ses confrères qui avaient également décidé de parler et de mourir. Ce dicton a donné du courage aux journalistes qui ont refusé d’abdiquer aux menaces des hordes sauvages. Le message de Tahar Djaout a donné également à réfléchir aux citoyens qui ont été encouragé de dire «Non » avec un grand «N» à l’intégrisme et à la barbarie. Tahar Djaout était responsable de 1980 à 1984 de la rubrique culturelle d’Algérie actualité. Il a publié plusieurs articles sur des artistes dont nous pouvons citer Baya, Mohammed Khadda, Denis Martinez, Hamid Tibouchi, Mohamed Demagh. Tahar Djaout a fondé  son propre hebdomadaire  «Ruptures», dont il est le directeur, paraît le 16 janvier 1993. En 1985, Tahar Djaout reçoit une bourse pour poursuivre en France des études en sciences de l’information  et s'installe avec sa femme et ses filles à Paris. Deux ans plus tard, il retourné à Alger et reprend ses activité avec Algérie-Actualité. A l’époque, Tahar Djaout n’avait que sa plume pour faire face à l’épée, couteaux, Kalachnikov et les bombes des « Daachistes» du front islamique du salut. C’est le même cas pour les journalistes et collaborateurs de presse qui étaient l’une des cibles privilégiés des groupes armés après les forces de sécurité.

Les intimidations, les menaces et les assassinats  n’ont jamais fait plier les défenseurs de la liberté d’expression.

Pour les journalistes, il n’est pas question de se taire alors que l’Algérie était sur le point de basculer d’une République démocratique à une «Dawla Islamiya», République théocratique.   C’est une grande lâcheté de garder la neutralité alors que les forces de sécurité, artistes, médecins, enseignants, sportifs et des simples citoyens se font égorger par les hordes sauvages. Prenant leur courage entre les deux mains, les journalistes Algériens ont suivi à la lettre le dicton de Tahar Djaout qui a dit à l’époque : «Le silence, c'est la mort, et toi, si tu te tais, tu meurs. Et si tu parles, tu meurs. Alors dis et meurs.». Hommes et femmes de la presse écrite, parlée ou de l’audiovisuel, les journalistes ont tous juré de parler et de mourir en héros pour permettre à l’Algérie de rester debout. La réplique des sanguinaires envers les journalistes a été des plus barbares. Les groupes armés n’ont pas fait de différence entre un journaliste de sexe masculin ou féminin, d’un Francophone  ou arabophone. Les sanguinaires avaient pour objectif d’anéantir les « témoins » pour camoufler leurs méfaits et pour dissimuler les massacres et les carnages dont le peuple fait l’objet. Le mot d’ordre a été donné aux groupes terroristes de faire taire les radios, de noircir les écrans et d’immobiliser les plumes. C’est une véritable chasse à l’homme que les journalistes ont fait l’objet de la part des sanguinaires. Appliquant les directives de leurs émirs et responsables, les groupes terroristes ont multiplié les enlèvements, les assassinats individuels et collectifs.

Les «Daachistes» d’aujourd’hui, s’appelaient «GIA, GSPC, AIS, FIDA, Al-Qaida, Aqmi» etc.

Comme nous l’avons souvent donné dans nos précédentes éditions, si les appellations changent, les groupes armés partagent la même idéologie et la même barbarie. Tahar Djaout était la première victime des «Daachistes» du Front islamique du Salut.  Alors qu’il quittait son domicile Tahar Djaout située dans une cité populaire dans la banlieue d’Alger, le 26 Mai 1993, il ne savait pas qu’il allait quitter ce monde. Installé au volant de son véhicule, Tahar Djaout se fait abattu à bout portant par deux balles dans la tête tirées par les criminels. Ils jetèrent le corps de la victime sur le sol avant de disparaitre avec le véhicule. Evacué vers l'hôpital de Baïnem, Tahar Djaout rendra l'âme une semaine plus tard.  Sur les écrans de l’ENTV, le chauffeur du commando avoua le meurtre. Il a affirmé que l’ordre d’éliminer Tahar Djaout venait d’un ‘‘émir du GIA’’, le fameux tôlier, et qu’une ‘’fetwa’’ avait été lancée contre le journaliste, car « il était communiste et avait une plume redoutable qui influençait les musulmans». Ce dernier donna également quatre noms de ses  complices dont un marchand de bonbons. Le chauffeur  reviendra sur ses aveux quelques mois après devant le tribunal d’exception d’Alger qui le blanchira ainsi que le ‘’tôlier’’ de ce crime, mais les condamnera pour d’autres actes terroristes. Il ne sera ni le premier assassinat, ni la 100éme victime et ni les attentats à l’explosif n’ont fait abdiqués les courageux journalistes. Bien au contraire, cette barbarie a donné du courage à la famille de la presse qui a levé la voix pour dire haut et fort : Non à l’intégrisme. Non à un état théocratique. Vive l’Algérie libre et démocratique. C’est grâce à ces journalistes et aux sacrifices des milliers d’hommes et femmes intègres que l’Algérie est restée debout alors qu’elle était déjà donnée pour morte et enterrée par nos «frères » et ennemis. A toutes et à tous, nous leurs rendons hommages et nous leurs dirons : Reposez en paix, vous avez écrit vos noms en lettre d’or.

Moncef Redha

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