Venu se recueillir devant la stèle érigée à la mémoire des journalistes assassinés par les intégristes-islamistes, le ministre de la Communication n’a pas manqué de faire des reproches aux journalistes, les accusant de manque de professionnalisme. Pourtant l’heure était au recueillement et à la mémoire de ceux qui ont donné leur vie pour la liberté d’expression et pour la République et ce n’etait ni le moment et ni le temps pour ce genre de critiques ou pour faire un procès d’intention aux journalistes.
Sortant du sujet de la commémoration, Nacer Mehal a également indiqué que la nécessité de consacrer la liberté d’expression au respect de la déontologie de la profession. Indirectement,
le ministre reproche aux journalistes de n’avoir pas respecté les principes du métier qu’ils exercent. Bien entendu, ce ne sont pas les allégations de Mehal qui dérangent, sachant que
cela n’étant que son propre opinion et ce n’est pas l’avis de tout le monde. C’est le moment choisi par le ministre pour tenter de discréditer les journalistes alors que le monde entier
rendait hommage à la corporation. Parallèlement à ces critiques le ministre s’est félicité des progrès réalisés par la presse en matière de la liberté d’expression. Est-ce qu’on est
obligés de rappeler à M. Mehal que cette liberté politique et fondamentale ne nous a pas été octroyée. Elle a été lourdement arrachée par les journalistes, par leur vie et sacrifice. En
ce qui concerne les critiques, il peut y avoir des réponses. Est-ce qu’un journaliste qui donne un papier qui ne plait pas à X ou à Y, est considéré comme un manque de
professionnalisme ? Est-ce que lorsque nous sommes contraints de relater un fait au conditionnel en raison de la séquestration de l’information, est également un manque de
professionnalisme ? Doit-on montré du doigt un journaliste qui a refusé de faire du journalisme sur mesure ? Doit-il faire de la même mesure un autre journaliste qui a choisi
de travailler avec des quotidiens indépendants ? Il aurait souhaitable que le ministre de la Communication pense aux défunts journalistes en allant s’enquérir auprès de leurs
familles. Avoir une pensée, se recueillir ou déposer une gerbe de fleur restent insuffisant par rapport aux sacrifices des défunts journalistes. Chacun de ces journalistes-martyrs a
laissé derrière lui des orphelins, une veuve ou veuf et il est du devoir des responsables de leur prêter assistance. Qu’a fait le ministère de la Communication à ce sujet ? A-t-il
établi une situation pour s’assurer que ces familles ont bénéficié de leurs droits comme cela a été fait pour les autres catégories de victimes de terrorisme? Ces familles de
journalistes-martyrs sont-elles logées ? Bénéficient-elles d’indemnités pour vivre ? Il est du devoir du ministère de la Communication en tant que «tutelle» d’accompagner les
familles des journalistes qui ont donné leur vie pour l’Algérie. Se réunir chaque 3 du mois de Mai autour d’une table garnie de confiseries ne peut malheureusement en aucun cas honorer
assez fort les journalistes-martyrs.