Des enfants n’ayant pas encore atteint la maturité ont été obligés d’observer le jeûne en ce mois d’août où le mercure a dépassé les 40° à l'ombre. Plusieurs de ces enfants ont été hospitalisés dont trois auraient trouvés la mort, victimes de la faim et surtout de la soif. Qui en est responsable ?
En effet, au moment où des conseils sont donnés aux enfants de boire
plusieurs fois de l’eau, certains sont interdits et de boire et de manger pendant toute la journée. Ces dernières quarante-huit heures, une fille de 8 ans aurait trouvé la mort dans la
commune de Bourached, dans la wilaya de Aïn Defla. La seconde victime est un garçon de 10 ans, résidant dans la commune de Robah, wilaya d’El-Oued. Au niveau de la wilaya d’El-Bayadh,
un autre cas de décès a été signalé, sans que nous puissions le confirmer. Joint sur son portable, le président de l’APC de Bouchared nous a confirmé la mort d’une fille dans la
commune. Répondant à notre question sur les circonstances exactes du décès de la jeune fille, ce dernier a ajouté : «Ecoutez, officieusement, la mort serait due au jeûne, mais nous
n’avons rien d’officiel pour l’instant». Les parents ont déclaré le décès de leurs enfants «mort naturelle», évitant d’en évoquer les véritables raisons. Au niveau de la Sûreté de
wilaya et du groupement de gendarmerie, on nous apprend que des enquêtes ont été ouvertes pour déterminer les causes exactes de ces décès. En outre, les services des urgences de
plusieurs secteurs sanitaires et hôpitaux ont traité des enfants après que leur état de santé s’est subitement détérioré. Ces enfants ont été admis pour vertige avec envie de vomir,
a-t-on appris aux urgences de l’hôpital d’Aïn-Beïda, wilaya d’Oum-El-Bouaghi. C’est le même cas au niveau des services des urgences de l’hôpital de Tébessa, qui ont soigné des enfants
pris de malaise, dû particulièrement à la faim et à la soif. «Cliniquement, le trait commun chez ces patients est l’altération récente et rapide de l’état général avec asthénie intense,
amaigrissement par une déshydratation non compensée et soif intense», nous a déclaré un urgentiste. Quelques cas ont été également traités au niveau de l’hôpital civil, mais sans
gravité, a-t-on appris hier au niveau de la surveillance de l’hôpital de Khenchela. Dans la wilaya d’El-Oued et dans plusieurs autres régions du sud du pays, la chaleur a atteint les
50°C à l’ombre, en ce début de Ramadhan. Comment peut-on obliger des innocents à ne pas manger et à ne pas boire dans ces conditions, alors que même les adultes en souffrent ? Pour se
justifier, certains parents ont expliqué vouloir éduquer leurs progénitures sur les valeurs islamiques. De quelle valeur peut-on parler, lorsqu’on met la vie des enfants en danger ?
Afin de convaincre des enfants d’observer le jeûne, ils leur font comprendre que Dieu les récompensera, dans la mesure où ils observeront le jeûne à cet âge. L’endoctrinement ne
s’arrête pas là. Certains enfants sont terrorisés lorsqu’on leur explique qu’ils seront châtiés par Dieu, s’ils refusaient de ne pas jeûner. «Vous serez suspendus à partir de vos
paupières le jour du jugement», leur dit-on. N’ayant pas encore récupéré de la longue journée de jeûne que la majorité de ces enfants prennent la direction des mosquées pour accomplir
avec les aînés les "Tarawih" qui durent parfois jusqu'a trois heures de prières. La courte nuit du mois de juillet et la période réservée au repas du «s’hour», les enfants
n’auront que quelques heures de sommeil. Cet état de fait influe systématiquement sur la santé de l’enfant qui aura du mal à attaquer la prochaine journée de jeûne. « Le Bon Dieu, n’acceptera pas ton jeûne si tu ne fais pas d’effort » lui disent-ils, pour l’empêcher de dormir pendant la journée. C’est le cas de ce
petit garçon qui s’écroula par terre avec un plateau à moitié rempli de « friandise » traditionnelle. Evacué aux urgences par les passants, il devait déclarer que son père lui
a interdit de rentrer à la maison tant qu’il n’a pas écoulé l’ensemble de la confiserie. En somme, contraindre des gamins à observer le jeûne
jusqu’à ce que mort s’en suive est un acte inhumain et irresponsable pour ne pas dire un crime odieux.