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28 mars 2012 3 28 /03 /mars /2012 21:31

La construction de la nouvelle mosquée d’Alger est au centre d’une grande polémique. Selon un expert en génie parasismique, le site où devrait être implanté le complexe ne répond pas aux normes requis. Le site choisi constitue un risque du fait qu’il fait partie du lit majeur du célèbre oued El-Harrach, a indiqué le professeur.

 



Photo : Le coût de ce projet est de 1 milliard d'Euros.

MOSQUE ALGER 3.jpg

Quelques jours seulement après le début du chantier de la grande mosquée, le professeur Chelghoum Abdelkrim a jeté un pavé dans la mare au sujet de cet immense ouvrage. Dans un entretien accordé à un journal en ligne, le professeur a déclaré que le sol où devrait être construit la mosquée serait sédimentaire et lâche à plus de cinquante mètres de profondeur. Il ajoute que ce type de sol est reconnu pour être un parfait amplificateur des ondes sismiques en cas de secousse tellurique. Interrogé par une journaliste sur ce projet, l’expert a répondu, je cite : «Ce qui est bizarre c’est comment un ouvrage aussi complexe sur le plan technique, économique et sécuritaire (la sécurité vis-à-vis des risques majeurs) n’a fait l’objet d’aucun débat national entre experts ayant une expérience avérée dans les domaines de la conception, du suivi, du contrôle et de la réalisation des grands projets. La deuxième aberration a consisté à confier la gestion globale de ce mégaprojet à un ministère dont les missions sont incompatibles avec les prérequis imposés par ce type de management. Compte tenu de toutes ces défaillances majeures, un bureau d’études allemand sans références techniques particulières par rapport à la typologie de l’ouvrage a été retenu (sur quelle base ?) par l’État algérien. Et pour clore le tout, la réalisation, le suivi et le contrôle ont été confiés à une entreprise chinoise bien implantée dans le décor officiel algérien. Les techniciens algériens seront chargés, comme à l’accoutumée, de signer le service fait. Je crois sincèrement qu’un ouvrage de cette importance doit revêtir un caractère national et par conséquent, doit être l’œuvre d’un savoir-faire algérien dans les domaines de l’étude, de la réalisation, du suivi et du contrôle.» En réponse à une question sur les contraintes posées par le site choisi pour l'implantation, il indique : «Le site choisi fait partie du lit majeur du célèbre oued El-Harrach, donc un sol sédimentaire et lâche à plus de cinquante mètres de profondeur. Aussi, ce type de sol est reconnu pour être un parfait amplificateur des ondes sismiques en cas de secousse tellurique. Une investigation géotechnique dynamique très fine des couches de sol en place aurait du être élaborée afin d’anticiper tous les effets induits probables : glissement, liquéfaction, tassements en profondeur etc. Malheureusement, rien n’a été fait dans ce sens à part une approche classico-classique requise pour la conception de bâtiments ordinaires.» Au sujet des risques de l’effondrement de la mosquée en cas d’un éventuel séisme, le professeur a déclaré : «Le terrain choisi pour l’implantation de cette mosquée n’est pas constructible. Dans le cas d’une sévère secousse sismique, la probabilité que l’ouvrage résiste est très faible. En plus des risques sismiques, le coût final du projet peut atteindre cinq fois l’évaluation initiale qui est de 1,5 milliard de dollars, à cause de la nature du terrain. Il y a beaucoup de vices cachés à cause justement de ce terrain et qui vont apparaître lors de la réalisation. Ce qui alourdira le coût du projet. En Algérie, nous n’avons ni expertise ni expérience dans le domaine des ouvrages de très grande hauteur, c’est à dire au-delà de 300 mètres. Comme c’est le cas pour la grande mosquée d’Alger.» En dehors des questions techniques, l’expert a également donné ses impressions sur le budget alloué à ce projet, écoutons-le : «C’est une question pertinente, je dois juste vous informer qu’on sait très bien quantifier un projet quelle que soit sa nature et son importance ; c’est notre métier et c’est notre raison de vivre. Cela est valable pour tous les projets lancés depuis les trois dernières décennies. À ma connaissance, aucun professionnel indépendant n’a été associé à l’élaboration de ce très gros budget qu’il va falloir un jour justifier. Quant à la viabilité de ce projet, il serait utile de vérifier comment les mêmes ouvrages dans des pays voisins sont utilisés, gérés, entretenus et réparés le cas échéant.» Compte tenu de ce qui précède, les responsables concernés devraient-ils arrêter provisoirement les travaux ? La question reste posée.

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